Les controverses qui entourent les rejets polluants en cœur de Parc National des Calanques par la société Altéo de Gardanne sont encore très fortes. La ministre, suite à l'avis du Conseil Scientifique du Parc autorisant les rejets sous condition de réduction des incertitudes, a demandé un certain nombre d'études complémentaires rapides. Outre la nécessité d'accumuler des données scientifiques, se pose la question de l'acceptabilité sociale de cette décision. Si elle semble acceptable dans la zone minière de Gardanne, où la pollution constitue un environnement de vie peu remis en cause, pour la population marseillaise, la légitimité du Conseil Scientifique du Parc semble avoir été mise à mal lors de la communication du rapport.

Nous souhaitons ici faire un bilan de cette controverse à travers l'élaboration de systèmes complexes modélisant les représentations de l'espace, des activités et des enjeux de plusieurs acteurs impliqués dans les discussions et se positionnant sur le terrain. La multiplicité des acteurs et des échelles se prête en effet à cette modélisation. En outre, nous souhaitons sur cette base construire un jeu de rôles sur la question de la pollution et du dilemme social sous-jacent aux décisions à mettre en place. Ce jeu, incluant non seulement l'environnement, mais aussi les asymétries de pouvoir politique et économique, pourrait être utilisé avec les acteurs les plus impliqués afin d'établir une base délibérative dont il est démontré, depuis quelques années, qu'elle permet de rétablir un dialogue politique et rétablir l'intercommunication dans des situations d'opposition forte. Enfin, d'un point de vue abstrait, ce jeu sera dégradé en expériences économiques. Le but de ces expériences sera de saisir de façon plus théorique quels modes de communication et quelles interdépendances économiques doivent être mis en avant pour faciliter la résolution positive d'un dilemme social de ce type.

Dans le cadre de nos recherches sur le rôle potentiel des pinèdes comme barrières aux pollutions atmosphériques, stabilisation des sols et réduction de l’érosion éolienne, nous étudions deux populations de pin soumises à des conditions de pollutions atmosphériques particulaires provenant d’activités industrielles actuelles (site de stockage de Mange Garri) et passées (ancienne usine de l’Escalette), ainsi que l'approche des mécanismes physiologiques de polluotolérance sous-jacents chez le pin d'Alep. Cette étude vise notamment à mieux évaluer les services écosystémiques rendus par les pinèdes notamment en terme de barrière végétale aux particules atmosphériques sédimentables. Les cibles analysées sont : les sols, litières, aiguilles vertes, troncs. La stratégie utilisée est de combiner des acquisitions sur sites et des analyses de laboratoire pour une sélection des échantillons remarquables repérés sur site ainsi que la cartographie (géomatique) des nombreuses données récoltées. La composition des sols en métaux et éléments traces métalliques et métalloïdes (METMM) est évaluée par analyseur XRF portable. L’état physiologique des pins à l'échelle individuelle et populationnelle est estimé à l'aide d'un capteur de fluorescence portable non destructif Multiplex. Pour estimer la surface de distribution des feuilles par individu ou par zone, un LIDAR terrestre sera utilisé.

Des méthodes d’analyses de laboratoire ou d’archives spécifiques à chacun des laboratoires partenaires compléteront ces données. La tolérance relative des pins sera estimée sous forme d’analyses multivariées et une première estimation quantitative du piégeage de la pollution particulaire au niveau individuel ou populationnel des pins sera réalisée.