Le territoire de l’Observatoire se développe dans l’Est du département des Bouches-du-Rhône, entre Aix-en-Provence et Marseille. Il concerne 17 communes, couvrant une superficie de 335 km² et rassemblant un peu plus de 100 000 habitants. Il correspond principalement au bassin versant de l’Arc, qui se jette dans l’Etang de Berre, et secondairement à la haute vallée de l’Huveaune. Il est encadré au Nord par le massif de la Sainte-Victoire et au Sud par la chaîne de l’Etoile et la montagne du Régagnas.
Durant plus d’un siècle, l’unité de cet espace s’est forgée autour de l’exploitation du lignite, donnant corps au "Bassin minier de Provence". Localisé dans l’orbite de l’aire métropolitaine d’Aix-Marseille, ce territoire est aujourd’hui confronté : à la gestion de l’héritage minier et à la reconversion économique (fermeture du dernier puits en 2003), aux dynamiques d’une urbanisation qui progresse d’Ouest en Est, au maintien de l’agriculture (rôle important de la vigne), et à la préservation d’un environnement naturel de grande qualité.
Le territoire du bassin minier consiste en un espace relativement différencié entre l’Ouest et le Sud, marqués par le péri-urbain, et l’Est et le Nord, plus ruraux et dominés par l’agriculture. Les enjeux environnementaux concernent des sujets aussi divers que la gestion et la conservation des espaces agricoles et naturels, la mise en sécurité et la reconversion de sites miniers, la gestion économe de l’espace (lutte contre l’étalement urbain), la réduction de l’impact des industries sur la qualité de vie, etc.
L’héritage de la mine pose plusieurs questions aux sciences de l’environnement. Les terrils composés de stériles miniers et de cendres issues de la centrale thermique occupent des superficies relativement importantes, parfois au coeur des agglomérations. On s’interroge sur leur stabilité, la qualité et l’évolution possible de leurs sols, la végétation qui s’y développe. Dans les profondeurs de la terre, l’ennoyage du réseau des galeries de la mine par la remontée de la nappe soulève d’autres interrogations telles que les effets sur la structure du sous-sol, la qualité des eaux qui seront rejetées dans la mer comme prévu d’ici quelques années, l’opportunité d’exploiter cette eau, etc.
La présence de nombreuses industries sur le territoire implique de s’intéresser à la question des nuisances générées par ces établissements (émissions de fumées, de poussières, stockages de matières premières ou de produits finis, etc.), à qualifier et caractériser les pollutions, à comprendre et mesurer la gêne occasionnée (recueil de la parole des habitants et des autorités locales), à étudier les éventuels impacts toxicologiques. Il s’agit également de s’intéresser aux stratégies et procédés mis en place par les industriels pour réduire les nuisances et prévenir les risques, et aux recherches développées en matière de remédiation et de réhabilitation de sites. Les établissements concernés relèvent aussi bien de l’industrie lourde (centrale électrique, usine d’alumine, cimenterie) que de la haute-technologie (unités de production micro-électronique, notamment).
En Provence, l’exploitation du charbon remonte au XVème siècle. Il s’agit dans un premier temps d’une activité artisanale qui se concentre principalement sur les versants Nord du Régagnas et de l’Etoile, où le gisement - qui s’étend jusque sous l’Etang de Berre - affleure. Les premiers accès à la mine sont des puits étroits inclinés à 45° (descenderies). Au XIXème siècle, le creusement de puits verticaux, l’utilisation de la vapeur et l’arrivée du chemin de fer marquent le passage à une exploitation industrielle. Le cœur névralgique du bassin se situe alors sur le sillon Fuveau-Gréasque-Saint-Savournin… Au cours du XXème siècle, l’exploitation se concentre dans la partie occidentale (Gardanne, Meyreuil) et délaisse les premières mines, devenues non rentables (Trets). Le paysage minier se structure : carreaux, chevalements, terrils, lavoirs, cités minières, etc. La main d’œuvre afflue de toute l’Europe et du bassin méditerranéen.
Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l’ensemble des houillères françaises est nationalisé au sein du groupe Charbonnages de France. Les concessions provençales sont regroupées dans l’UE (Unité d’Exploitation) « Provence », partie prenante des Houillères de Bassin Centre Midi. Quelques concessions ne sont toutefois pas nationalisées (Coudoux, La Fare-les-Oliviers, Plan d’Aups). La reconstruction constitue une période d’exploitation intense. Mais le lignite local devient vite concurrencé par les charbons étrangers et des sources d’énergie alternatives à moindre coût. Le bassin s’illustre néanmoins par des méthodes d’abattage performantes (mise au point du soutènement marchant, notamment). Le puits Yvon Morandat, foncé en 1981 à Gardanne, reste l’installation la plus récente au moment de la fermeture en 2003. La fin de l’exploitation en Provence précède de peu la fin de l’exploitation en Lorraine (2004), qui marque l’arrêt définitif de l’extraction du charbon en France.
De taille relativement modeste à l’échelle française, le bassin minier a néanmoins produit un total d’environ 150 millions de tonnes de minerai. Il a joué un rôle essentiel dans l’essor de l’industrie provençale, en particulier à Marseille. Il a également fixé des activités structurantes sur le territoire, notamment des cimenteries qui se sont assez tôt installées à proximité des puits (Cadolive, Trets, ...) pour utiliser les menus charbons, une importante unité de traitement de la bauxite et de fabrication d’alumine, ainsi qu’une centrale électrique thermique. Au plus fort de son activité, la mine a employé plus de 6000 personnes (1945-1947).
L’épopée du charbon ne s’est pas terminée en laissant un territoire en crise, en proie au chômage et dépourvu de toutes perspectives de développement économique. Dès la fin des années 1960, la création de la SOFIREM engage une période d’anticipation de la fermeture de la mine, qui conduit à la diversification des activités industrielles dans le périmètre des 17 communes. La zone de Rousset voit s’implanter et se développer la microélectronique et devient le premier centre français de production, de recherche et de développement du secteur. Cette spécialisation est renforcée en 2004 avec l’ouverture à Gardanne du Centre Microélectronique de Provence, sous l’autorité de l’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne. La reconversion reste néanmoins un sujet d’actualité : d’une part des friches industrielles sont à réaménager, et d’autre part le subventionnement à l’installation d’entreprises doit s’arrêter en 2011.
Avec l’essor des mobilités pendulaires et des nouvelles pratiques résidentielles, le bassin s’inscrit aujourd’hui dans la dynamique de l’aire métropolitaine d’Aix-Marseille. L’urbanisation gagne sur les espaces agricoles et forestiers ; les navettes domicile-travail augmentent et posent de sérieux problèmes de déplacement ; les espaces naturels sont investis par des citadins en quête de "nature" ; les activités industrielles "traditionnelles" (usine d’alumine, centrale électrique") sont contestées par les nouveaux habitants ; la perspective du passage de la Ligne à Grande Vitesse Paris-Nice inquiète et fait débat.
L’unité du bassin n’est désormais plus de mise. La carte de l’intercommunalité, qui s’est mise en place au début de la décennie 2000 et structurée en 2014, fait apparaître son morcellement. Au Nord et à l’Ouest, la Communauté d’agglomération du Pays d’Aix englobe onze communes*. Au Sud, six communes ont rejoint la Communauté d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Etoile.
* Gardanne et Gréasque ont intégré la CPA d’Aix le 01/01/2014.